L’apprentissage dans les madrassahs traditionnelles du Qur’an est un élément central de l’éducation islamique dans de nombreux pays d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest, notamment au Maroc, en Algérie, au Sénégal, et dans d’autres régions. Ces institutions ont joué un rôle crucial dans la transmission des enseignements religieux, de la langue arabe, et de la culture islamique depuis des siècles. Voici un aperçu de leur fonctionnement et de leur importance.
Le cadre et l'environnement
Les madrassahs traditionnelles sont souvent situées dans des mosquées ou des bâtiments spécifiques dédiés à l’enseignement religieux. Elles accueillent des enfants dès leur jeune âge, généralement entre 5 et 7 ans, mais les adultes peuvent également y recevoir une éducation. Les classes sont souvent très simples, avec des tapis sur lesquels les élèves s’assoient pour étudier. Le cadre reculé et la simplicité permet une ambiance de discipline et de motivation poussant à se concentrer et se surpasser dans l’apprentissage du Quran et des sciences religieuses.
Les méthodes d'enseignement
L’enseignement dans ces madrassahs est essentiellement basé sur la mémorisation du Qur’an, une pratique connue sous le nom de “hifz”. Les élèves récitent des versets du Qur’an en répétant après leur maître (ou “mu’allim”), et passent des tests pour s’assurer qu’ils les ont mémorisés correctement. En plus de la mémorisation, les élèves apprennent aussi les règles de récitation (tajwid), la grammaire arabe, et parfois des sciences islamiques telles que le fiqh (jurisprudence islamique) et le hadith (traditions du Prophète).
Les matières enseignées
Le programme est souvent centré sur l’étude du Qur’an, mais il peut également inclure des textes classiques de la littérature islamique, ainsi que des éléments d’éthique et de comportement moral. Dans certaines madrassahs, l’enseignement des mathématiques, de la lecture et de l’écriture en arabe est également intégré.
Le rôle du maître (Muallim)
Le mu’allim joue un rôle central, non seulement en tant qu’enseignant, mais aussi en tant que guide spirituel. Il est respecté par ses élèves et par la communauté. Le processus d’apprentissage est très personnel, souvent basé sur la relation entre le maître et l’élève, ce qui permet une transmission directe des connaissances et des valeurs.
Les spécificités régionales
– Au Maroc : Les madrassahs sont intégrées au système éducatif islamique plus large, incluant les grandes universités islamiques comme l’Université Al Quaraouiyine à Fès. Les madrassahs traditionnelles sont également associées à l’apprentissage de la calligraphie arabe et des sciences religieuses.
– En Algérie : Les madrassahs ont une longue histoire et ont souvent joué un rôle dans la résistance culturelle contre les colonisateurs français, en préservant la langue arabe et l’identité islamique.
– Au Sénégal : Les madrassahs, appelées “daara”, sont particulièrement influentes dans les communautés soufies, comme celles affiliées à la confrérie Mouride. Elles mettent l’accent sur la mémorisation du Qur’an, mais aussi sur l’éthique soufie et l’éducation spirituelle.
Les défis et évolutions modernes
Aujourd’hui, ces institutions sont confrontées à divers défis, notamment la modernisation de l’éducation, les pressions pour intégrer des matières modernes dans leur curriculum, et parfois la critique de l’accent trop exclusif mis sur la mémorisation au détriment de la compréhension. Cependant, elles restent une partie intégrante de la culture islamique et continuent de jouer un rôle vital dans l’éducation religieuse dans ces régions.
En somme, les madrassahs traditionnelles sont des institutions profondément enracinées dans l’histoire et la culture islamique des pays d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest. Elles ont non seulement contribué à la préservation du Qur’an et de la langue arabe, mais ont aussi été des piliers de l’identité religieuse et culturelle des communautés musulmanes dans ces régions.